Quand la méthode ho’oponopono présente des risques pour votre bien-être

Le saviez-vous ? Certains outils de développement personnel, portés aux nues pour leur pouvoir de guérison intérieure, peuvent se transformer en pièges insidieux. Ho’oponopono, ce rituel hawaïen de réconciliation, n’échappe pas à la règle. Sa promesse d’apaisement attire, mais derrière la simplicité des formules magiques, les risques de dérives existent bel et bien.

À la racine, Ho’oponopono s’appuie sur la répétition de quelques mots : repentance, pardon, gratitude, amour. Présenté comme une clé pour se libérer de poids émotionnels, il séduit un public en quête de mieux-être. Pourtant, lorsque la pratique se déforme au fil des interprétations, elle peut générer l’effet inverse de celui recherché. Des adeptes, convaincus de tenir un remède universel, se retrouvent parfois prisonniers d’un engrenage mental dont ils peinent à s’extraire. La souffrance, loin de s’atténuer, se loge alors dans les failles que la méthode laisse ouvertes.

Les dérives possibles de la méthode Ho’oponopono

Modernisée par Morrnah Nalamaku Simeona, popularisée par des figures telles que le Dr Ihaleakala Hew Len ou Joe Vitale, Ho’oponopono a franchi les frontières d’Hawaï pour s’inviter dans le quotidien de milliers de personnes. Mais le succès planétaire de cette technique n’a pas que des vertus : il facilite aussi la diffusion de pratiques dévoyées, parfois toxiques.

Trois pièges principaux guettent celles et ceux qui s’y engagent sans discernement :

  • La sur-responsabilisation : La doctrine de Ho’oponopono invite à s’approprier chaque expérience, y compris les plus douloureuses. Ce postulat peut, chez certains, provoquer une culpabilité massive. Quand tout devient « de votre faute », le fardeau psychologique peut vite devenir intenable, jusqu’à nourrir une auto-flagellation sourde.
  • Le déni de réalité : À force de vouloir dissoudre chaque difficulté dans le pardon et la gratitude, certains adeptes finissent par ignorer les problèmes concrets qui exigent une réponse directe. La tentation est grande de se réfugier dans le rituel, et d’oublier que le quotidien réclame parfois une action ferme, ou l’aide d’un professionnel.
  • La manipulation par des pseudo-gourous : Face à des personnes fragilisées, certains « experts » peu scrupuleux exploitent la notoriété de Ho’oponopono pour leur propre profit. La figure de Luc Bodin, ancien médecin et auteur, met en garde : s’entourer de praticiens honnêtes et garder l’esprit critique est une nécessité absolue.

Prendre du recul face à la méthode, garder un pied dans la réalité et choisir scrupuleusement ses guides, voilà ce qui permet d’éviter le piège d’une spiritualité dévoyée.

Les risques psychologiques et émotionnels

En théorie, Ho’oponopono veut apaiser les blessures intérieures. Mais la pratique, mal encadrée, peut raviver d’autres douleurs. Le mantra « désolé, pardon, merci, je t’aime » répété à l’infini peut donner, à tort, l’illusion que tout dépend de soi, au risque de renforcer un sentiment d’impuissance.

L’idée de tout ramener à ses propres « mémoires erronées » crée une spirale où la responsabilité personnelle déborde, où la frontière entre introspection et auto-accusation se brouille. Certains en arrivent à se reprocher des situations totalement extérieures à eux, perdant peu à peu confiance dans leur propre jugement.

Le refus d’affronter les faits, encouragé par la focalisation sur le spirituel, peut devenir un refuge dangereux. Quand la méthode fait obstacle à la résolution concrète des difficultés, l’isolement grandit et la réalité finit par rattraper l’adepte, parfois de manière brutale.

Le risque s’aggrave encore avec la présence de charlatans. Usant de leur aura, ils détournent la méthode à des fins personnelles, allant jusqu’à dissuader certains d’avoir recours à la médecine conventionnelle. Un terrain glissant, où la santé même peut être compromise.

Pour s’en prémunir, il reste indispensable de s’appuyer sur des professionnels compétents et de garder à l’esprit que spiritualité et action concrète ne sont pas incompatibles.

ho oponopono + danger

Comment éviter les dangers et pratiquer en toute sécurité

Pratiquer Ho’oponopono sans y laisser des plumes, c’est possible, à condition de respecter quelques principes de bon sens :

  • Sélectionner des sources fiables : Tournez-vous vers des spécialistes reconnus comme Morrnah Nalamaku Simeona ou le Dr Ihaleakala Hew Len, dont les travaux font référence. Faites preuve de vigilance face aux promesses trop belles ou aux discours culpabilisants.
  • Garder la mesure : Prendre sa part de responsabilité, oui, mais sans tomber dans l’auto-accusation. Un événement négatif ne vous définit pas, et tout n’est pas sous votre contrôle.

Intégrer des pratiques complémentaires

Pour ne pas rester enfermé dans un seul cadre, il est avisé d’associer Ho’oponopono à d’autres approches. Méditez, explorez la pleine conscience, ou recourez à une thérapie cognitive : ces options offrent des leviers concrets pour traverser les difficultés autrement que par la répétition de mantras. L’équilibre passe par la diversité des outils.

Demander conseil à des professionnels de santé

Dès lors que la souffrance psychologique ou physique dépasse ce que vous pouvez gérer seul, adressez-vous à des praticiens diplômés. Ho’oponopono ne remplace pas un diagnostic, ni un traitement médical. Les deux domaines peuvent coexister, à condition de ne pas en sacrifier un sur l’autel de l’autre.

Rester lucide sur les limites

Cette méthode, née d’une tradition ancienne, se fonde sur le pardon et la gratitude, mais elle n’offre pas de réponse universelle. Garder un esprit critique, reconnaître ce qui relève du rituel et ce qui nécessite une intervention concrète, c’est s’assurer de ne pas perdre pied.

En s’appuyant sur ces garde-fous, Ho’oponopono peut devenir un outil d’apaisement, sans glisser dans les pièges de la sur-responsabilisation ou de l’illusion. Finalement, le vrai cheminement commence là où la lucidité rencontre la bienveillance, envers soi-même, et envers la réalité.

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